Le tourisme est un secteur d’activités aux multiples ramifications, spécificités et particularités. Parmi les marchés de niche, on peut trouver l’incontournable tourisme de luxe, comme le plus discret tourisme religieux, le tourisme vert, durable et responsable, très tendance, tout comme le tourisme spatial, ultra sélectif. Dans ce marché en réinvention permanente, des tendances naissent et meurent tous les ans. Zoom sur l’une d’entre-elles avec le tourisme volcanologique pour les amateurs de sciences et de belles images.
Qu’est-ce que le tourisme volcanologique ?
Fin novembre 2022, le plus grand volcan du monde, le Mauna Loa à Hawaii, entre en éruption après un court sommeil de 40 ans. Lorsque l’un des volcans les plus actifs de la planète se réveille, les médias soulèvent la curiosité des curieux et des voyageurs. Voyager à travers le monde pour survoler un volcan en éruption, randonner jusqu’à son sommet, en solo ou avec un expert des volcans, sont autant d’activités qui pourraient être regroupées dans cette catégorie du tourisme volcanologique. Le point commun est clair : c’est un tourisme pour les passionnés de géologie et de volcans, mais pas uniquement. C’est aussi une expérience de vie pour contempler un spectacle unique, brutal et dangereux, et qui dépasse toutes les certitudes humaines. Bien que la majorité du tourisme volcanologique soit liée à un volcan actif et/ou en éruption, on pourrait aussi aller plus loin dans la définition. Ainsi rester sur les sentiers balisés des sages volcans d’Auvergne endormis depuis longtemps se situe à mi-chemin entre un tourisme vert et un tourisme volcanologique.
Amy Donovan, géographe et volcanologue de la Royal Geographical Society, auteure d’un rapport publié fin 2018 sur l’essor du tourisme volcanologique, souligne l’intérêt croissant pour cette activité qui voit des personnes s’approcher au plus près de volcans actifs pour observer ce spectacle hors du commun. Un pays qui a ainsi profité de ses caractéristiques géologiques pour attirer des touristes est l’Islande, où le nombre de visiteurs est passé de 489 000 en 2010 à 2,2 millions en seulement 7 ans.
Un tourisme risqué qui fait des victimes
En 2010, deux touristes sont morts de froid en tentant d’atteindre une éruption volcanique au col du Fimmvörðuháls en Islande. En 2017, un garçon de 11 ans est mort après être tombé dans le cratère de Solfatara à Pozzuoli, en Italie. Ses parents, qui ont tout fait pour le sauver, sont également décédés dans l’accident. En 2020, le gouvernement néo-zélandais a même porté plainte au sujet de l’éruption volcanique qui a tué 22 personnes sur la White Island l’année précédente, affirmant que les opérateurs touristiques qui ont emmené les voyageurs voir le volcan le plus actif du pays n’ont pas respecté les règles de santé et de sécurité.
La réalité du tourisme volcanologique est que la plupart des touristes ne sont pas préparés à ces situations risquées, et les dérives sont nombreuses. Ainsi, faire confiance à des pilotes pour vous emmener secrètement au-dessus de zones interdites à la nuit tombée – comme l’ont fait certains visiteurs en Islande en 2010 selon le rapport d’Amy Donovan – n’est clairement pas une bonne idée.
Le tourisme volcanologique a donc besoin de règles et de normes. Un tour-opérateur agréé (et responsable) n’emmènera jamais des touristes dans une zone qu’un gouvernement a interdite aux visiteurs. Il est essentiel de faire attention à ce que disent les autorités, car les volcans actifs présentent un certain nombre de dangers cachés, comme des niveaux élevés de gaz toxiques et un sol instable. « Même s’ils semblent sûrs, ils peuvent en fait être dangereux et il y a généralement une bonne raison de restreindre l’accès aux zones dangereuses » confirme la scientifique.
Un article du National Geographic soulignait également que les risques vont au-delà des chutes et des brûlures. En effet, les éruptions produisent souvent des gaz toxiques susceptibles de provoquer des lésions pulmonaires. Entre 2010 et 2020, les explosions volcaniques ont fait 1 143 victimes.
Sur le papier, le tourisme volcanologique est attrayant. Selon l’endroit où ils se trouvent, les visiteurs peuvent partir observer les coulées de lave en bateau, survoler les caldeiras en hélicoptère, descendre les pentes des volcans, et même marcher au bord d’un lac de lave. Or, s’il a connu un véritable essor au cours de la dernière décennie, notamment grâce aux réseaux sociaux, le tourisme volcanologique doit rester un tourisme de niche, réservé à une minorité de voyageurs particulièrement bien préparés et conscients des risques.
Auteur : Julien Redelsperger