Le vélo-tourisme : une tendance à ne pas sous-estimer
Publié le 25 juin 2025
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Entre quête de sens, envie de nature et besoin de ralentir, le vélo-tourisme s’impose peu à peu comme l’une des grandes tendances du secteur touristique. Longtemps marginal, il s’affirme aujourd’hui comme un levier de développement pour les territoires et une opportunité stratégique pour les professionnels du tourisme.
Le vélo-tourisme s’inscrit dans une transformation profonde des attentes des voyageurs. Face à la montée des préoccupations environnementales, de plus en plus de voyageurs recherchent des expériences décarbonées, immersives et accessibles. Le vélo, avec sa simplicité, sa flexibilité et son faible impact écologique, coche toutes les cases.
Cet engouement se reflète dans la fréquentation des grands itinéraires cyclables. Des axes comme la Loire à Vélo, la Vélodyssée ou encore la ViaRhôna enregistrent chaque année une progression constante du nombre de cyclistes. Ce mouvement n’est plus marginal : il contribue à faire émerger une véritable culture du tourisme à vélo en France.
Les retombées du vélo-tourisme dépassent largement la sphère sportive ou de loisir. Elles touchent directement l’économie locale. Chaque cycliste itinérant consomme au quotidien : hébergement, restauration, activités, visites, petites réparations ou locations de matériel. Cela représente une manne pour les prestataires implantés le long des parcours.
Le chiffre d’affaires généré par le cyclotourisme en France est aujourd’hui estimé à plus de 4 milliards d’euros. Ce montant est en progression, porté notamment par l’augmentation de l’offre d’hébergement labellisé « Accueil Vélo », par l’essor du vélo à assistance électrique (VAE), et par l’engagement croissant des collectivités locales.
La France compte désormais 59 véloroutes, reliant littoraux, campagnes et montagnes, avec des niveaux de sécurité et de signalisation adaptés à tous les publics. Parmi les plus récents aménagements figurent des tracés comme la Flow Vélo, la Vélobuissonnière ou encore la Régalante.
L’essor de ces voies cyclables offre une nouvelle attractivité à des territoires jusqu’alors peu fréquentés. L’interconnexion des itinéraires permet de créer de véritables corridors touristiques, incitant les voyageurs à prolonger leur séjour et à explorer davantage.
De nombreuses collectivités investissent dans le développement de pistes cyclables touristiques, conscientes de leur potentiel économique et de leur capacité à revitaliser certains espaces ruraux. Ces projets s’inscrivent souvent dans une logique de mobilité douce, avec des bénéfices croisés pour les habitants et les visiteurs.
L’une des évolutions majeures du secteur est l’accessibilité grandissante du vélo grâce à l’essor du vélo à assistance électrique (VAE). En quelques années, il a permis à des publics non sportifs — seniors, familles, néophytes — de s’engager dans des aventures itinérantes autrefois réservées à des cyclistes aguerris. Les loueurs se sont adaptés en élargissant leur parc de vélos, et les agences de voyage proposent désormais des circuits spécialement conçus pour les utilisateurs de VAE.
Le profil type du cyclotouriste a aussi changé. On trouve aujourd’hui des familles, des groupes d’amis, des couples, mais aussi des voyageurs solitaires à la recherche d’expériences immersives. Les agences spécialisées ont élargi leur gamme : courts séjours clés en main, formules haut de gamme avec hébergements insolites, circuits thématiques (oenotourisme, patrimoine, gastronomie), voire offres à destination des entreprises pour des séjours de team building.
L’itinérance à vélo impose des conditions spécifiques : hébergements accessibles à la nuitée, espaces pour garer les vélos, zones de recharge pour les batteries. Or, ces exigences ne sont pas encore systématiquement intégrées dans les offres classiques. Pour répondre à cette demande, de nouvelles solutions émergent : minicabanes en bois, hébergements labellisés « Accueil Vélo », partenariats entre campings et loueurs, ou encore développement d’espaces d’accueil spécifiques dans les gares et offices de tourisme. Aujourd’hui, près de 4 000 hébergeurs disposent de ce label, mais cela reste insuffisant face à la croissance de la demande.
De plus, le vélo-tourisme repose en grande partie sur la capacité des voyageurs à combiner différents moyens de transport. Pourtant, l’intermodalité reste un point noir. Si certains TER sont aujourd’hui équipés pour accueillir les vélos, les TGV restent contraignants (emplacements limités, démontage parfois obligatoire), et les règles varient d’une région à l’autre.
Le vélo-tourisme ouvre un champ d’opportunités considérable pour les acteurs du tourisme : offices, agences, hébergeurs, restaurateurs, sites culturels. Adopter une signalétique claire, proposer un local sécurisé pour les vélos, afficher les itinéraires à proximité, et intégrer des services utiles (pompe, kit de réparation, recharge) peut transformer un hébergement classique en halte stratégique pour les cyclotouristes. Les prochaines années seront décisives. Pour les professionnels du tourisme, il s’agit d’une occasion de diversification de son offre à ne pas manquer.