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Selon le dicton, la manière dont une société prend soin de ses aînés en dit beaucoup sur elle-même. Et on pourrait pousser le message jusqu’aux personnes en situation de handicap. Travail, éducation, transport, loisirs… le quotidien de ces personnes est un parcours du combattant. Et quand il s’agit de partir en vacances, les choses ne sont pas toujours simples ! Heureusement, de nombreuses initiatives fleurissent pour rendre le tourisme plus inclusif, ouvert, humain, bienveillant et surtout adapté à la réalité des personnes en situation de handicap.

Le handicap : une inclusion nécessaire

Dès les années 1960, le sociologue Robert Castel parlait déjà d’inclusion. Si le terme n’est donc pas nouveau, il est aujourd’hui très présent dans le débat sociétal. Le but est simple en apparence : faire en sorte que les personnes différentes ne se rapprochent pas de la norme, mais que la norme se rapproche d’eux. Si l’inclusion concerne tout le monde, depuis plusieurs années, la transformation du regard porté sur les personnes en situation de handicap est visible. 

Ainsi, dans le cadre de la participation sociale, l’accès aux loisirs et au tourisme pour les personnes en situation de handicap est un enjeu majeur. La Convention des Nations Unies en 2006 sur le Handicap prévoyait « l’identification et l’élimination des obstacles et barrières à l’accessibilité » et soulignait la nécessité de « faire en sorte que les personnes handicapées aient accès aux lieux d’activités culturelles tels que les théâtres, les musées, les cinémas, les bibliothèques et les services touristiques. »

Selon les chiffres des pouvoirs publics, près de 4 000 établissements sont porteurs de la marque Tourisme & Handicap en France. Or, si rendre le tourisme accessible est l’un des problèmes les plus urgents du secteur pour l’Organisation mondiale du tourisme, l’adaptation du secteur touristique ne se limite toutefois pas aux hôtels. Transports, commerces, musées, parcs naturels, activités sportives, services de santé, guides… le travail doit être global. 

Pour qu’une personne paraplégique puisse bénéficier d’une baignade en mer, il faut qu’elle puisse accéder à la plage, se rendre sur le sable avec un cheminement doté d’un revêtement adapté, bénéficier d’un fauteuil de baignade, etc. De son côté, une personne déficiente visuelle doit faire appel à un aidant ou se rendre sur plage équipée du système audio-plage. S’il existe des plages accessibles, elles ne sont qu’une minorité.

12 millions de personnes en situation de handicap en France

En France, il existe une définition légale du handicap depuis la loi du 11 février 2005. Il s’agit de « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. » 

La loi ne précise ici aucune condition sur l’âge des personnes et s’applique donc aussi bien aux enfants, aux adultes qu’aux personnes âgées. Le handicap est protéiforme, il touche toutes les  classes sociales et des milieux de vie. Actuellement, on dénombre près de 12 millions de personnes en situation de handicap en France. Un chiffre qui prend en compte les handicaps les plus lourds comme les incapacités mineures. Pour 80% des cas, il s’agit de handicaps « invisibles », autrement dit, qui ne se remarquent pas au premier regard. Il peut alors s’agir des conséquences d’un traumatisme crânien, d’un handicap physique léger, d’une surdité, de troubles psychiques ou encore de problèmes de dos. Quel que soit le niveau de mobilité, les personnes en situation de handicap font face à de nombreux défis dans le monde du tourisme :

  • Difficultés d’accès physique : locaux non adaptés, équipements et matériels difficiles à manipuler ou à atteindre.
  • Communication difficile avec les personnes malentendantes, présentant une déficience intellectuelle, des troubles psychiques ou anxieux.
  • Place insuffisante accordée à l’aidant qui accompagne la personne dans son handicap (famille, ami, proche, etc.).
  • Manque d’écoute des personnes en situation de handicap.

Le tourisme adapté, un secteur qui doit se développer

Permettre aux personnes en situation de handicap d’accéder à toutes les expériences touristiques des personnes valides doit être une priorité pour les professionnels du tourisme. Et pas uniquement pour des questions de développement économique ou de business. Mais aussi pour des questions d’éthique, de bienveillance, et pour faire les choses « bien ​». 

Pour y parvenir, de nombreux pays développent des politiques actives promouvant le tourisme accessible. Elles visent à soutenir un processus de mise en accessibilité de nombreux équipements et activités touristiques, culturelles et sportives comme les musées, parcs, églises, hôtels, restaurants, centres et bases nautiques, par exemple. Des labels comme ATH (Association Tourisme et Handicaps) en France recensent les sites accessibles.

Au Canada, le site « Québec pour tous​ » est une plateforme faisant la promotion du Québec accessible. Sa base de données est composée de plus de 2 000 établissements touristiques certifiés accessibles ou partiellement accessibles par Kéroul, le seul organisme favorisant le tourisme et la culture pour les personnes handicapées au Québec.

Le tourisme adapté ne doit pas être un marché de niche ou un secteur du tourisme à explorer comme le tourisme vert ou le tourisme d’affaires. Il doit faire pleinement partie intégrante de tous les projets touristiques, quels que soient leurs finalités, cibles et objectifs afin d’accueillir en même temps, tous les touristes, sans distinction. 

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