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Locations touristiques : Airbnb vs hôtels, où va le marché ?

Publié le 23 octobre 2025

Il y a un peu plus d’une décennie, l’arrivée de plateformes comme Airbnb a provoqué un véritable séisme dans l’écosystème de l’hébergement touristique. La promesse était simple et puissante : voyager autrement, vivre comme un local, et souvent, à un coût moindre. Cette disruption a forcé l’hôtellerie traditionnelle, parfois perçue comme rigide et impersonnelle, à se remettre en question.

Aujourd’hui, pourtant, les lignes bougent à nouveau. Un vent de changement souffle sur le marché, et la domination autrefois insolente d’Airbnb semble s’éroder au profit d’un retour en grâce de l’hôtel, avec des voyageurs qui se montrent plus critiques vis-à-vis d’Airbnb.

L’érosion du facteur prix : la fin de l’argument massue

Le premier avantage compétitif d’Airbnb était indéniablement le prix. Louer un appartement était, dans la majorité des cas, plus économique qu’une chambre d’hôtel, surtout pour les séjours de moyenne durée ou en groupe. Louer sur Airbnb permettait d’économiser en moyenne 20 à 30 % par rapport à une chambre d’hôtel. Et pour les voyages des familles nombreuses ou un grand groupe, un appartement était bien plus pratique que louer plusieurs chambres. Or, cet écart se réduit comme peau de chagrin.

Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. D’une part, la professionnalisation des hôtes sur Airbnb et l’utilisation d’outils de tarification dynamique, calqués sur le yield management hôtelier, ont fait grimper les prix. Un concert de Taylor Swift à Toronto ? Les tarifs des locations explosent de plus de 50 %, un comportement typique de l’hôtellerie. D’autre part, les coûts d’exploitation (énergie, assurance, remboursement des prêts) ont augmenté pour les propriétaires, qui les répercutent sur les voyageurs.

Ajoutez à cela les fameux frais cachés (ménage, service) qui alourdissent la note finale, et la proposition de valeur économique devient moins évidente. Pour un tarif quasi similaire, le voyageur compare désormais deux offres sur un pied d’égalité, et d’autres critères entrent en jeu.

Le grand retour du service et de la standardisation

La pandémie de COVID-19 avait, un temps, favorisé les locations privées pour des raisons sanitaires évidentes. Mais le monde post-pandémique a fait ressurgir une attente fondamentale du voyageur : la tranquillité d’esprit. C’est ici que l’hôtel marque des points décisifs.

L’expérience Airbnb, aussi charmante soit-elle, comporte une part d’incertitude : l’appartement sera-t-il conforme aux photos ? Le service client sera-t-il réactif en cas de problème ? Et que dire de cette nouvelle tendance où certains hôtes demandent aux voyageurs de sortir les poubelles ou de lancer une machine, alors même que des frais de nettoyage sont facturés ?

Face à cela, l’hôtel offre une promesse de fiabilité : une réception 24/7, un service de ménage quotidien, des standards de qualité et une résolution de problèmes immédiate. Pour le voyageur d’affaires comme pour la famille en quête de repos, cet argument de la charge mentale en moins redevient un luxe essentiel, que l’on est prêt à payer.

Quand l’hôtellerie apprend et se réinvente

Le point le plus intéressant de cette évolution n’est pas tant la perte de vitesse d’Airbnb que la formidable capacité d’adaptation de l’hôtellerie. Loin de subir passivement, le secteur a observé, appris et intégré les forces de son concurrent. Les grands groupes comme Hilton ou Marriott développent massivement leurs offres de résidences et de suites avec cuisine, ciblant directement les familles et les longs séjours. Ils ont compris le besoin d’espace et d’autonomie.

Plus encore, l’hôtellerie se lance sur le terrain de l’expérience unique, autrefois chasse gardée d’Airbnb. Des hôtels-boutiques aux concepts audacieux voient le jour, proposant bien plus qu’une simple chambre : une piste cyclable dans le lobby, des cours de cuisine, des rencontres avec des artistes locaux… L’hôtel redevient une destination en soi, et non plus un simple lieu où dormir. On assiste à une véritable hybridation des modèles.

Alors, quel avenir pour l’hébergement touristique ?

Il serait simpliste de conclure à la victoire de l’un sur l’autre. Nous entrons plutôt dans une ère de segmentation et de clarification des usages.

Airbnb et ses concurrents conserveront leur pertinence sur des niches claires : les très grands groupes qui cherchent une villa, les séjours de très longue durée, les expériences véritablement insolites (une cabane dans les arbres, une yourte) et la couverture de zones géographiques dépourvues d’hôtels.

L’hôtellerie, quant à elle, reconquiert sa position de force sur les courts séjours urbains, le tourisme d’affaires, et auprès de tous les voyageurs qui privilégient le service, la sécurité et la simplicité.

Pour vous, futurs professionnels, cette analyse révèle une leçon capitale : le marché du tourisme n’est jamais figé. La clé du succès réside dans la capacité à comprendre les attentes profondes et changeantes des consommateurs. La valeur ne se résume pas à un prix, mais à une expérience globale, fluide et adaptée à un besoin précis.

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