Immersion et innovation : le Canada se redécouvre à travers ses cultures autochtones
Publié le 28 novembre 2023
La Fabrique des talents du tourisme de demain !
Publié le 28 novembre 2023
Historiquement, le Canada s’est appuyé sur la beauté de sa nature sauvage pour attirer les touristes. Cependant, ces dernières années, en parallèle à une prise de conscience accrue des traumatismes liés à son histoire coloniale, l’industrie touristique s’est transformée pour inclure la richesse des cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Cette métamorphose offre une plongée plus profonde dans les cultures autochtones, longtemps ignorées. De quoi repenser un tourisme plus responsable et local qui sort des sentiers battus. Découverte.
Le tourisme autochtone au Canada représente une facette unique et enrichissante de l’industrie touristique, offrant aux voyageurs une immersion dans des cultures ancestrales et des expériences authentiques. À l’aune d’un intérêt croissant pour des voyages respectueux et significatifs, cette branche du tourisme se positionne comme un vecteur de développement économique et de préservation culturelle pour les communautés autochtones.
L’industrie du tourisme autochtone au Canada a connu une croissance significative ces dernières années. Selon l’Association Touristique Autochtone du Canada (ATAC), ce segment a enregistré une hausse de fréquentation et de revenus, soulignant l’intérêt grandissant des visiteurs pour des expériences culturelles authentiques. Les offres varient de la découverte de l’artisanat local, en passant par des séjours dans des communautés, jusqu’aux expéditions en territoire sauvage, guidées par des membres des communautés autochtones.
Dans différentes régions du Canada, les membres des communautés autochtones développent des initiatives entrepreneuriales. Par exemple, les Hurons-Wendats de Wendake, près de Québec, ont été parmi les premiers à offrir un musée, un hôtel, un restaurant haut de gamme, et une immersion dans leur culture dès 2008. Ces initiatives représentent non seulement une opportunité économique, mais aussi un moyen pour ces communautés de maîtriser leur récit et de lutter contre l’appropriation culturelle.
C’est aussi le cas de Matricia Bauer. Installée dans le parc national Jasper, elle accueille les touristes pour leur raconter l’histoire de son peuple et le lien spécial avec la terre. De même, à Churchill, dans le nord du Manitoba, Florence Hamilton partage avec les touristes l’histoire de son peuple et la fierté retrouvée en réapprenant sa langue.
Le tourisme autochtone joue un rôle crucial dans le soutien économique des communautés. Il permet de créer des emplois, de générer des revenus et de favoriser l’entrepreneuriat local. Cette forme de tourisme contribue également à la préservation et à la transmission des traditions et savoirs ancestraux, en les rendant accessibles à un public plus large.
L’inclusion des acteurs autochtones dans l’industrie touristique est également vue comme un moyen d’améliorer la situation économique et sociale des communautés. L’Association Touristique Autochtone du Canada vise, d’ici 2030, à ce que le tourisme autochtone contribue à hauteur de 6 milliards de dollars par an à l’économie canadienne, tout en créant environ 60 000 emplois, ce qui serait une avancée significative vu le taux de chômage élevé au sein des Premières Nations.
Dans le cadre du tourisme autochtone, les expériences immersives et éducatives offertes aux visiteurs vont bien au-delà de la simple observation touristique. Elles englobent une immersion profonde dans les traditions, les savoirs et les modes de vie des peuples autochtones du Canada. Ces expériences sont conçues pour éduquer, sensibiliser et établir un pont culturel entre les visiteurs et les communautés autochtones.
L’apprentissage par l’expérience est un pilier de ces voyages. Les visiteurs ont l’occasion d’apprendre directement des membres des communautés autochtones. Cela peut inclure la participation à des ateliers de fabrication d’artisanat traditionnel ou encore l’apprentissage de techniques ancestrales de tissage. Les touristes peuvent également assister à des cérémonies et des rituels traditionnels, offrant un aperçu des croyances et des pratiques spirituelles des peuples autochtones. Ces cérémonies, souvent chargées de symbolisme, permettent aux visiteurs de comprendre l’importance de la spiritualité et de la connexion avec la nature dans les cultures autochtones.
Une autre dimension des expériences immersives est l’initiation à des pratiques ancestrales telles que la chasse, la pêche, ou la cueillette, guidée par des membres des communautés. Ces activités permettent non seulement de partager des connaissances sur les techniques traditionnelles, mais aussi de sensibiliser les visiteurs à l’importance du respect de l’environnement et de la durabilité des ressources naturelles. Enfin, les visites guidées à travers les territoires autochtones, accompagnées de récits oraux, permettent de découvrir l’histoire et les légendes des peuples autochtones. Les guides partagent souvent des histoires personnelles et des légendes qui donnent vie à la terre et à ses caractéristiques, créant une connexion profonde et personnelle avec le lieu.
Ces expériences ne se limitent pas à enrichir les connaissances des visiteurs; elles visent également à favoriser une compréhension et un respect plus profonds des cultures autochtones. En participant à ces activités, les touristes deviennent des ambassadeurs informés des traditions et des défis contemporains des peuples autochtones, jouant ainsi un rôle dans la préservation de ces cultures uniques et dans la promotion d’un tourisme plus responsable et éthique.
Le tourisme autochtone au Canada offre une opportunité d’apprentissage et d’échange culturel, tout en contribuant à la vitalité économique des communautés autochtones. Il pose néanmoins des questions sur l’équilibre entre préservation culturelle et commercialisation des traditions. Comment les professionnels du tourisme peuvent-ils contribuer de manière constructive à l’évolution de ce secteur ? Quelles stratégies peuvent être mises en place pour assurer un développement respectueux et mutuellement bénéfique ? Ces questions ouvrent des pistes de réflexion essentielles pour l’avenir du tourisme autochtone au Canada, mais également dans tous les pays du continent américain.