Quand on pense au mot tourisme, on pense forcément aux plages de sable blanc au bord d’une mer aux eaux turquoises, et aux prestations de luxe dans des hôtels uniques. Or, la pandémie de COVID-19, avec ses multiples impacts sur le marché du tourisme, a forcé le secteur à réfléchir sur lui-même. Le tourisme est en pleine évolution, et le tourisme de luxe n’échappe pas à ces changements. De quoi réimaginer le futur du tourisme de luxe qui attire chaque année un nombre croissant de jeunes diplômés des écoles de tourisme.
Un tourisme qui doit aussi se remettre de la pandémie
La pandémie de COVID-19 a provoqué une chute sans précédent des marchés du luxe. Une étude souligne que si tous les produits de luxe ont connu des baisses, la plupart des « expériences de luxe », comprenant l’hospitalité de luxe, les croisières et la gastronomie, ont été touchées de manière disproportionnée et tarderont à se rétablir étant donné leur dépendance aux flux touristiques. Il faut dire que les années 2020 et 2021 ont occasionné de nombreux maux de tête aux professionnels du tourisme, entre confinements, déconfinements et reconfinements. Les évolutions rapides de la situation, les fermetures soudaines des frontières et les tensions géopolitiques ont compliqué les déplacements et les voyages. Dans le futur, 83 % des entreprises craignent que les clients hésitent à voyager s’ils pensent devoir subir des motifs d’inconfort (changements administratifs, sanitaires ou sécuritaires). Pour surmonter cet obstacle, il est essentiel de veiller à ce que les clients de luxe soient régulièrement informés et rassurés, afin qu’ils sachent que les professionnels du tourisme sont prêts à les aider à tous les niveaux (passeports vaccinaux, tests, quarantaine, etc.), même si les règles changent du jour au lendemain.
Les tendances du tourisme de luxe
Alors que la situation revient progressivement à la normale, le tourisme de luxe doit aussi évoluer. Un changement qui illustre la volonté d’innovation qui existe dans un secteur qui n’est jamais figé.
Un tourisme expérientiel et numérique
L’expérience, c’est la somme des émotions et des sentiments perçus lors d’une interaction dans le cadre d’un voyage. Le futur se construit avec une influence considérable de la technologie pour supprimer les points de friction dans le parcours du touriste, et créer des expériences nouvelles afin d’accompagner tous les utilisateurs selon leur besoin. Ce tourisme expérientiel peut ainsi se construire à partir de petites choses comme le fait de récupérer et transporter automatiquement les bagages des voyageurs à l’hôtel sans qu’ils aient à les récupérer à l’aéroport afin d’arriver plus rapidement à destination et éliminer un point de contact sans valeur ajoutée. La question de l’expérience est ainsi liée à la gestion des préférences personnelles, des barrières linguistiques, aux régimes alimentaires, en passant par les préférences religieuses ou toute autre exigence du voyageur. Pour aller plus loin, la technologie peut ainsi aider les professionnels du tourisme de luxe à construire des expériences uniques en gardant en mémoire les dernières visites et expériences vécues lors d’une précédente visite afin de personnaliser l’approche selon ce qui a été apprécié ou non.
Un tourisme qui rassure
Les effets de la pandémie ont été dévastateurs pour l’industrie du voyage. Dans les années à venir, il est essentiel que les destinations et les hôtels de luxe soient en mesure d’offrir aux visiteurs une expérience sûre et rassurante. Dans ce contexte post-COVID, les villas de luxe seront très demandées avec un développement des résidences privées intégrant des services haut de gamme, afin de créer des bulles sanitaires où les touristes d’une même famille ou d’un même groupe peuvent rester ensemble. Un tourisme de luxe qui rassure est aussi un tourisme capable de proposer un accès direct et rapide à des soins de santé et des professionnels expérimentés parlant la langue du voyageur, en cas de problème. On peut donc imaginer des services d’assistance premium se développer afin de tout gérer simplement en mode conciergerie de luxe, en cas de problèmes de santé, afin de voyager l’esprit serein.
Un tourisme flexible
La pandémie a renforcé l’attrait pour les départs en dernière minute, compte tenu de l’impossibilité de faire des plans sur le long terme. Cette démarche pourrait rester dans le tourisme de luxe avec des offres intégrant une très grande flexibilité de la part des opérateurs. Changements de transport, d’horaires, enregistrement anticipé ou départ tardif, itinéraires flexibles… ce sont autant d’options qui facilitent le développement des voyages plus courts, loin de toute standardisation.
Un tourisme vert
Le tourisme de luxe est souvent associé à une empreinte carbone disproportionnée, des comportements inappropriés, et à une déconnexion avec la réalité locale des territoires qui accueillent ces touristes. Dans son « Manuel de l’antitourisme », le sociologue et anthropologue Rodolphe Christin rappelle que « Le tourisme n’est pratiqué que par 3,5 % de la population mondiale et est le luxe d’une minorité dont l’impact concerne une majorité, parce que cette minorité tente d’aller partout et que partout on cherche à attirer son pouvoir d’achat. » Avec le dérèglement climatique, le surtourisme et la croissance des inégalités, le tourisme de luxe du futur devra devenir plus responsable et corriger ses mauvaises pratiques du passé. Pour cela, il est essentiel d’intégrer la notion de durabilité dans les offres de luxe. À titre d’exemple, certaines propriétés indépendantes se sont imposées depuis longtemps comme des pionniers de l’écologie, comme le Bucuti & Tara Beach Resort, à Aruba, premier complexe hôtelier neutre en carbone des Caraïbes, qui a interdit les plastiques à usage unique dans les années 1980. Ce qui est l’exception devrait donc devenir la règle dans les années à venir.
Demain, le luxe ne serait pas forcément de dormir dans un penthouse au sommet d’un gratte-ciel à New York, mais peut-être dans une cabine zéro carbone au fond d’une forêt. S’adressant à un marché de niche, le tourisme de luxe ne cesse d’évoluer. Il appartient donc aux nouvelles générations d’accompagner cette transition et d’influencer positivement l’industrie du tourisme, des voyages et des loisirs.